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A la rencontre de M. Michel Édouard Alcimé

Bonjour M. Alcimé, vous êtes un ancien étudiant du programme de spécialisation en Suivi et Evaluation de SIPDEC en partenariat avec IUS.

Etant de la deuxième cohorte, vous avez finalisé votre projet final dont le titre a été : Actualisation du Plan Communal de Développement (PCD) de Gros-Morne 2023-2028
Vous travaillez aujourd’hui en tant que coordonnateur régional Chez l’Institut de Technologie et d’Animation (ITECA)

1- Parlez-nous de votre projet final soutenu avec succès après avoir bouclé les cours des 2 sessions de ce programme ?

Le projet consistait à fournir un appui technique au conseil municipal de Gros-Morne pour actualiser le Plan Communal de Développement (PCD) de ladite commune. Un Plan Communal de Développement (PCD) est outil de planification et de coordination des actions de développement au niveau communal. Il devait permettre à la commune de coordonner les actions de développement des différents acteurs du développement, d’emprunter le chemin d’un développement territorial inclusif et adapté aux besoins et des priorités des femmes et des hommes et de participer de manière pleine à la refondation territoriale voulue par Haïti dans son Plan Stratégique de Développement (PSDH) d’ici à 2030.

Il comprend deux (2) grandes parties :

  •  Le diagnostic qui est un processus de collecte de données pour produire un rapport qui fait un état des lieux de la commune (ressources, potentialités, atouts, population, relief, les différents secteurs de la vie courante, forces, faiblesses, opportunités, menaces, etc.).
  • La planification qui permet de transformer les défis, opportunités, besoins en projets et programme visant le développement et l’amélioration des conditions de vie de la population de la commune.

Un processus d’actualisation de PCD se fait sur trois grandes étapes : 1. Phase préparatoire, 2. Diagnostic (technique et participatif) et 3. Planification. Les différents acteurs avec qui on a collaboré durant tout le processus de stage qui s’étendait de janvier à novembre 2023 sont : la mairie de Gros-Morne, la Direction Départementale du MPCE, la délégation et la vice-délégation, les services déconcentrés de l’état, les CASEC et ASEC, les différents secteurs et structures organisées de la population, etc.

Démarrer un processus d’actualisation ou d’élaboration d’un Plan Communal de Développement (PCD) incombe de la responsabilité de la mairie, mais cette dernière a toutefois besoin de l’appui technique et financier d’autres partenaires pour avancer. Ainsi une demande d’appui financier a été faite par la mairie de Gros-Morne auprès de l’UNICEF et GRET. ITECA était invité à appuyer techniquement ces institutions dans la conduite de ce processus. Dans le même temps, ITECA a accepté ma demande de stage en lien à ma spécialisation en Suivi et Evaluation chez SIPDEC. ITECA, comme institution receveuse du stage et comme structure chargée de fournir l’appui technique durant tout le processus d’actualisation du PCD de Gros-Morne a mis en place une équipe composé d’un coordonnateur, d’un responsable de suivi-évaluation-recherche et apprentissage (SERA) et d’un point focal. Le stagiaire était appelé à jouer le rôle de point focal dans l’équipe. A cette équipe se joignent des consultants.tes en fiscalité, aménagement du territoire, Nouvelle Technologie d’Information et de Communication, environnement, agriculture, etc.

L’actualisation ou l’élaboration d’un Plan Communal de Développement est un processus participatif où toutes les parties prenantes doivent collaborer à leur niveau. La contribution de certaines parties prenantes est plus importante que d’autres, mais dans ce cas bien précis l’apport du stagiaire était très important et très significatif.
La situation dans laquelle on évoluait était difficile (insécurité, crise socio-politique et économique, conflits internes), mais avec détermination et professionnalisme, on a pu accoucher le Plan Communal de Développement (PCD) de Gros-Morne qui se trouve maintenant au niveau du Ministère de la Planification et de la Coopération Externe (MPCE) pour validation.

2- Avez-vous rencontré des difficultés lors de la préparation de ce travail final ? Si oui, comment les avez-vous surmontées ?

Voici quelques difficultés rencontrées et les mesures adoptées afin d’atténuer leurs impacts:

Insécurité

On a limité les déplacements sur le terrain et impliqué davantage les autorités locales et leaders communautaires. On a fait le choix des zones stratégiques pour la réalisation d’activités en groupe.
On a cherché la protection des autorités locales et judiciaires de la commune et tissé des liens avec les notables et les leaders communautaires.

Retard dans la production des livrables

On a réévalué la situation et on s’est entendu pour que l’ITECA soumette le rapport du bilan du précédent PCD en même temps que le PCD 2023-2028. Cela nous a donné le temps pour prendre contact avec toutes les institutions qui travaillaient dans l’exécution du PCD 2010-2015.
Un avenant pour une prolongation a été signé entre les parties.

Manque de personnel dans les représentations administratives locales

La mairie, en principe, est le maitre d’ouvrage du processus. Cependant elle fait face à une série de difficultés ne lui permettant pas de jouer convenablement son rôle. L’administration de la mairie est dysfonctionnelle à presque tous les niveaux. Le personnel clé n’est pas disponible régulièrement et les moyens de travail font défaut.

On a dû intensifier l’apport technique, financier et logistique à la mairie pour avancer. On les a accordé plus de temps pour les aider dans les détails et mobilisation de leur équipe.
On a, dans beaucoup de cas, mis de matériels et équipements ainsi que du personnel de l’ITECA à leur disposition.

Manque de personnel administratif sur le terrain

Consacrer du temps extra pour les tâches administratives (recherche de proforma, rapport financier des activités réalisées, suivi de réparation de véhicules, suivi des contrats de service, gestion des fournisseurs de services, etc.)

Le groupe des animateurs.trices était très hétérogènes par rapport aux compétences et la capacité d’utilisation des outils et équipements. On a offert des séances de renforcement de capacité ciblées.

Conflit

Faire la médiation entre les groupes en conflit. Utiliser mon influence pour aider dans la résolution des conflits (cette influence est due à la notoriété de l’ITECA, de ma capacité et de la présence de quelques de mes anciens élèves de l’école agricole de la Fondation Vincent du Cap-Haitien qui m’aidaient à trouver les causes profondes des conflits)

 

3- Pourriez-vous nous décrire brièvement votre métier ainsi que vos missions aujourd’hui après votre spécialisation en Suivi et Evaluation ?

Je suis ingénieur agronome avec plus de 15 ans d’expériences dans la production agricole, la protection de l’environnement et l’adaptation aux effets du changement climatique, coordination de projet et programmes, gestion de groupes multidisciplinaires, transformation sociale, droits humains, genre, traduction de documents (espagnole-créole-espagnole).

J’ai travaillé à l’Institut de Technologie et d’Animation (ITECA) comme coordonnateur de la région de Bas-Plateau Central. Après cette expérience, de deux (2) autres régions de plus m’ont été confiées. Je suis en train de coordonner trois (3) régions pour le compte d’ITECA. Ceci est possible grâce aux outils de gestion et de suivi utilisés qui simplifient les tâches et facilitent la supervision de certaines activités à distances.

J’appuie aussi le responsable de Suivi Évaluation, Recherche et Apprentissage (SERA) dans la conception des plans de suivi des projets en exécution dans mes régions.

4- En quoi diriez-vous que votre formation en Suivi et Evaluation vous est utile, aujourd’hui au poste que vous occupez ?

Ma formation en suivi et évaluation me permet de :
Mieux superviser le travail des consultants.tes et de mon équipe, de produire des rapports plus techniques et professionnels (Moins ou presque pas de questions d’éclaircissement de la part des partenaires parce que les outils utilisés pour les suivis sont pour la plupart universels).

  • Utiliser avec plus de facilité les outils de suivi proposés par les bailleurs ;
  • Interpréter les chiffres avec plus de facilité
  • Économiser du temps dans le suivi, l’analyse des données et la production de rapports parce que j’utilise des applications et des outils appropriés.

5-Quels souvenirs gardez-vous de cette formation en Suivi et Evaluation ? Avez-vous des conseils à donner aux universitaires finissants ou professionnels intéressés à faire partie de la prochaine cohorte ?

Les souvenirs sont multiples, mais ce qui a retenu le plus mon attention est la façon dont on peut économiser du temps avec l’utilisation des applications dans des taches appropriées. Par exemple avec excel on peut faire un budget d’une activité dans 15 minutes alors qu’on aurait passé plus de 60 minutes à le faire à la main ou sur MS Word.

Mes conseils …

  • On pourrait accumuler beaucoup de connaissances dans différents domaines ou dans la maitrise d’une multitude d’applications, mais ne serviront à grand-chose si on ne fait pas appel au bon sens. Le bon sens est aussi important que les connaissances acquises en classe dans les interventions sur le terrain.
  • Eviter des écarts trop longs entre la fin des cours en classe et la présentation du rapport final ;
  • La réalité du terrain est complexe, essayez d’être flexible, sans sortir des prescrits professionnels et légaux ;
  • Développer la capacité d’écoute et d’adaptation ;
  • Ce serait intéressant de mettre plus d’emphase sur la planification.

Merci

Michel Édouard Alcimé
Aout 2024