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A la rencontre de M. Daniel Jean René Vital DORVILIER

Bonjour  M.  Dorvilier, vous êtes un ancien étudiant du programme de spécialisation en Suivi et Evaluation de SIPDEC en partenariat avec IUS.

Etant de la première cohorte, vous avez finalisé votre projet final dont le titre a été : « Analyse de l’impact de l’insécurité dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince : cartographie des points chauds. »

Vous travaillez aujourd’hui en tantqu’Adjoint à la coordination et Responsable du suivi évaluation, redevabilité et Apprentissage Chez ITECA

Après avoir complété les deux sessions du programme, j’ai soutenu mon projet final, qui portait sur l’analyse de l’impact de l’insécurité dans la Zone Métropolitaine de Port-au-Prince (ZMPAP) en Haïti.

La situation sécuritaire alarmante dans cette région m’a motivé à choisir ce sujet proposé par SIPDEC, car je souhaitais approfondir ma compréhension de ce phénomène, notamment en ce qui concerne sa dimension territoriale. Pour ce faire, j’ai utilisé des outils de Système d’Information Géographique (SIG) et de Télédétection afin de cartographier, analyser spatialement, et créer une base de données géo-référencées pour suivre les actes de délinquance.

En combinant collecte de données, analyse statistique et spatiale, j’ai pu comprendre la localisation des gangs armés, évaluer leur influence potentielle, et analyser l’impact de leurs actions sur le territoire, notamment sur le réseau routier. Les résultats de cette étude révèlent que la population se sent en insécurité, manque de confiance envers les autorités, et exprime le désir de quitter la ZMPAP. L’étude a également prédit que si aucune action n’était entreprise, une grande partie du territoire pourrait être perdue, et plusieurs tronçons de route risqueraient d’être bloqués en raison des activités des gangs.

Ce projet a démontré l’utilité des outils SIG pour analyser et comprendre des phénomènes complexes comme l’insécurité, tout en fournissant des éléments clés pouvant orienter les autorités et les intervenants dans la gestion de cette crise.

2- Avez-vous rencontré des difficultés lors de la préparation de ce travail final ? Si oui, comment les avez-vous surmontées ?

Oui, j’ai rencontré plusieurs difficultés lors de la préparation de ce travail final, que j’ai surmontées de différentes manières.

  • Difficultés professionnelles :

La gestion du temps a été un défi majeur. Travaillant à temps plein et étant souvent en déplacement dans les quatre régions d’intervention de l’ITECA, j’avais très peu de temps à consacrer à mon mémoire. Pour surmonter cela, j’ai dû maximiser l’utilisation de mes nuits et week-ends pour avancer dans la rédaction, en m’efforçant de rester discipliné malgré la charge de travail.

  • Difficultés familiales :

Sur le plan familial, ma femme venait de donner naissance à notre fille, ce qui demandait aussi beaucoup de mon attention. Cette situation aurait pu rendre la rédaction du mémoire encore plus complexe, mais grâce à la compréhension et au soutien de ma femme, j’ai pu me consacrer pleinement à mes études pendant les moments libres.

  • Difficultés liées à la nature de l’étude et à ma formation de base :

Étant agro-économiste, le choix d’un sujet en lien avec la criminologie et la géocriminologie a représenté un défi supplémentaire. J’ai dû explorer de nouvelles disciplines, telles que la sociologie et la psychologie, tout en maîtrisant les aspects techniques de l’étude, comme la création de bases de données et de cartes. J’ai surmonté ces obstacles en me plongeant dans de nombreuses lectures et en consultant des articles et ouvrages spécialisés pour mieux comprendre ces domaines.

Difficultés liées à la situation du pays :

Enfin, le contexte d’insécurité croissante en Haïti, particulièrement à Tabarre où je vivais, a compliqué la réalisation des enquêtes de terrain que j’avais prévues. Ne pouvant pas les mener en personne, j’ai dû adapter ma méthodologie en utilisant des outils numériques comme Kobo Collect pour mener les enquêtes en ligne. Cela m’a permis de recueillir les données nécessaires malgré les contraintes sécuritaires.

3-Pourriez-vous nous décrire brièvement votre métier ainsi que vos missions aujourd’hui après votre spécialisation en Suivi et Evaluation ?

Aujourd’hui, je travaille au sein de la coordination de programme de l’ITECA, où j’assume diverses missions réparties en plusieurs domaines clés :

  • Conception et développement de projets :

Je participe à la création et au développement de projets et de programmes de développement, en contribuant à chaque étape de leur élaboration.

  • Suivi et évaluation :

Je joue un rôle actif dans la mise en place de systèmes de suivi et d’évaluation pour les différents projets. Cela inclut l’élaboration des lignes de base et la réalisation d’évaluations internes. Pour certains projets, j’assume la responsabilité de chargé de projet, ce qui implique une supervision étroite et une coordination rigoureuse.

  • Mise en place d’enquêtes et analyse de données :

Je suis impliqué dans la mise en place des enquêtes, de l’élaboration des fiches de collecte à la création de cartes, en passant par le traitement et l’analyse des données collectées.

  • Formation :

J’interviens également dans la formation, notamment dans les domaines de la gestion de projet, de l’entrepreneuriat agricole, et de la gestion administrative, afin de renforcer les compétences des équipes et des bénéficiaires. Ma spécialisation en Suivi et Évaluation a considérablement amélioré ma capacité à structurer et optimiser ces missions, contribuant ainsi à l’efficacité et au succès des projets que nous menons.

4- En quoi diriez-vous que votre formation en Suivi et Evaluation vous est utile, aujourd’hui au poste que vous occupez?

Oui, la formation m’est extrêmement utile dans mon poste actuel. La plupart des tâches que je réalise aujourd’hui s’appuient sur les connaissances acquises au cours de cette formation. Avant de suivre le programme SIPDEC, j’occupais déjà ce poste, mais je progressais souvent de manière intuitive, sans structure claire. Grâce à cette formation, j’ai pu structurer ma compréhension des différentes missions qui me sont confiées, ce qui m’a permis de travailler de manière plus efficace et avec plus de confiance.

5-Quels souvenirs gardez-vous de cette formation en Suivi et Evaluation ? Avez-vous des conseils à donner aux universitaires finissants ou professionnels intéressés à faire partie de la prochaine cohorte ?

Ce qui m’a particulièrement marqué dans cette formation, c’est la solide technicité qu’elle m’a apportée. Je me souviens notamment de la formation sur QGIS, qui m’a grandement facilité la tâche lors de mon master en Géomatique. Elle m’a donné les bases essentielles pour aborder avec confiance tous les cours liés à la cartographie.

Pour les étudiants finissants, je dirais que la rédaction du travail de fin d’études peut sembler complexe, surtout lorsqu’on a un emploi à temps plein. Cependant, c’est un effort qui en vaut vraiment la peine. Une fois que vous vous lancez, vous réaliserez que ce n’est pas aussi difficile que vous l’imaginiez. Mon conseil serait de choisir des thématiques que vous rencontrez régulièrement dans votre travail ou de faire un stage dans l’institution où vous êtes employé.

Quant aux professionnels intéressés par la prochaine cohorte, je leur dirais que la formation à SIPDEC est un excellent moyen de booster leur carrière, voire même d’en changer s’ils ne sont pas encore dans le domaine du suivi et de l’évaluation. Cette formation peut véritablement faire une différence significative dans leur parcours professionnel.

Jean Daniel R.V. Dorvilier

Aout 2024